Monday, November 30, 2009

Vous croyez vraiment?



Alors que certaines en sont encore au débat AH09/10 "Cuissardes ou pas?" (personnellement, je vais attendre les soldes pour me décider, en ce moment je suis au niveau 0 de la fashionitude), voilà que se profile déjà le prochain grand tournant copernicien dans l'histoire de la chaussure: les Mojito Shoes de Julian Hakes.

Le créateur est un architecte et on nous promet qu'elles sont très confortables (enfin, pas moins confortables que vos stilettos habituels, en tout cas), elles sont faites dans une matière composite qui a dû être inventée pour aller sur la Lune ou gagner l'America's Cup (Ca sera peut-être un argument pour l'homme de votre vie, allez savoir) et elles sortiront, peut-être, cet été.

Pour l'instant, impossible d'avoir un retour vécu "j'ai porté les mojito shoes", je subodore qu'elles n'existent que sur un logiciel de dessin de prototype mais je me porte volontaire!

Bon, d'accord, la première fois que je les ai vues, je n'y croyais pas vraiment. Mais plus je les regarde, plus je me dis qu'étrenner ces chaussures-là, ce sera le genre de trucs que je pourrais raconter à mes arrière-petits-enfants (enfin, -filles). ce sera comme avoir connu Obama en 2007, été à Berlin le 9 novembre 89. Ce sera entrer dans l'histoire. Pardon, l'Histoire.

Maintenant que j'y pense, faudrait pas que N. y pense avant moi...

Friday, November 27, 2009

The art of cooking



Hier, j'ai enfin vu Julie & Julia. Un film de filles - enfin, de femmes - avec beaucoup de beurre dedans.

Julia (Child) est une américaine qui se retrouve en France après la deuxième guerre mondiale, découvre la cuisine française et, après avoir pris des cours de cuisine, écrit un livre pour les pauvres Américaines en manque de vraies recettes: Mastering the art of French Cooking. Manifestement, c'est une bible des cuisines américaines comme le Ginette Mathot dans les cuisines françaises. Bon. Julie (Powell) est une New Yorkaise qui, en quête de sens dans sa vie, décide de faire TOUTES les recettes du fameux livre et d'écrire un blog sur cette expérience.
On est dans une double success story: Julia aura publié non seulement un livre, mais eu sa propre émission de cuisine, et une salle dans un musée; Julie aura écrit un livre devenu un film. Et comme c'est plus NY que LA, les deux femmes ne deviennent pas les meilleures amies du monde à la fin.

Ce film est un petit délice. Meryl Streep est fantastique (comme toujours). L'actrice qui joue Julie est très bien aussi. Et puis la cuisine... des mottes de beurre en gros plan, les combats avec le homard qui ne rentre pas dans la casserole, des vraies courses et de la vraie cuisine qu'on mange, ça fait plaisir.

Vous n'avez pas remarqué? Dans toutes les films US, on voit souvent les personnages principaux faire la cuisine. Ca se résume généralement à la scène suivante:

INT.NUIT / CUISINE

L'héroïne est en train de boire du vin rouge dans un verre à cognac (les énormes, qui ne rentrent dans aucun lave-vaisselle.
Le héros, avec un autre verre énorme à côté de lui, hache des oignons. Et des tomates. De la viande de boeuf, si le film n'a pas peur de choquer.
La cuisine, immense, est immaculée et avec plein d'accessoires hi-tech soigneusement disposés par l'assistant styliste de A&D (je comprends pas. Moi, quand je fais ne serait-ce qu'une omelette, y a des trucs étalés partout. c'est la magie du cinéma).

HEROS
Bla bla bla

HEROINE
Bla bla bla

Sur ce, l'héroïne se jette sur le héros et ils vont au lit sans manger. Soi-disant emportés par une folle passion, mais on se doute que l'héroïne préfère coucher qu'avaler 12 calories.


Là, au moins, on passe les 3/4 du film dans une cuisine. Et, personnellement, dès qu'on est dans une cuisine (où on cuisine vraiment), ça me plaît. Je parlais récemment du shopping. comme moment privilégié de la vie. La cuisine vient peut-être même avant. D'ailleurs, que ce soit dans les fêtes de famille ou les teufs de potes, c'est souvent dans la cuisine que le meilleur se passe. Avant, après, pour préparer, pour ranger, et surtout pour discuter. C'est comme le off du festival d'Avignon: c'est là que ça se passe. Et rien n'accompagne mieux les confidences, rien ne suscite mieux la complicité, que de mettre la main à la pâte ensemble.

Bref, allez voir ce film, gourmand et réjouissant: vous allez vous régaler. Et dites-moi si, comme moi, vous avez le lendemain eu une irrésistible envie d'acheter des kilos de beurre!

Wednesday, November 25, 2009

H1N1 - the spot to be.


Le vaccin contre H1N1, c'est un peu comme les leggings il y a trois ans. Quand on a commencé à les voir, personne ne voulait s'y (re)mettre. Et puis, petit à petit, la nécessité a pris le pas sur la paranoïa (je vais ressembler à Madonna dans ses premiers clips), et on les a toutes adoptés.

Le vaccin, c'est la même chose. On a tout entendu. Que c'était inutile, dangereux. Pour le plaisir, je vous rappelle la version vraiment parano ++: les laboratoires pharmaceutiques ont créé la grippe (étape 1), pour vendre le vaccin (étape 2), qui contient des produits qui nous rendront plus ou moins malades ( étape 3) pour, au choix:

-4a: nous vendre d'autres médicaments plus tard et faire encore plus de bénéfices - thèse naturopathe anticapitaliste.

-4b: tuer les méchants terroristes (parce que le FBI pourra déclencher la maladie dormant dans le vaccin à distance, ou parce que le vaccin ne s'attaque qu'aux types qui cochent oui à la question "voulez vous assassiner le président des US?" sur le questionnaire ridicule dans l'avion, c'est pas clair). Thèse antiaméricaine primaire.

-4c: tuer 2 ou 3 milliards de gens dans les années qui viennent pour sauver les ressources alimentaires de la planète (et les bébés phoques). Thèse de la guérilla écolo.

- 4d: nous transformer en zombies obéissants à l'arrivée des extra-terrestres sur le point de nous envahir. Thèse X-files la vérité est ailleurs.


Bon. Moi, j'avais pas trop envie d'y aller, mais le médecin m'a dit que je n'avais pas le choix, pour ma santé et celle du bébé. Oui, je suis enceinte. Ca veut dire qu'on pourrait me faire mettre des baskets léopard fluo si on me disait que c'est bon pour MON bébé. Celles qui ricanent, on en reparlera quand ça sera votre tour.

Et comme je sais qu'en Norvège, on est du genre intraitable sur la nocivité du moindre atome de savon, je me suis dit qu'ils devaient avoir été encore plus paranos que les autres et que s'il y avait un endroit où le vaccin était bien, c'était ici.(Je vous jure, ça va être le comble du snobisme AH09/10: "et toi, ton vaccin, il vient d'où?". Evidemment, la Norvège est très très haut dans le classement puisque j'y suis.)

Alors, je ne sais pas si, médicalement parlant, le vaccin est vraiment mieux ici. Bilan au bout de 12 h: j'ai survécu, sans symptôme particulier, à part une bosse sur le bras. Par contre, je tiens à dire qu'en Norvège, on est efficace. Quand je suis arrivée au centre ce matin, j'ai reçu le ticket 320. Ils en étaient à vacciner le 102. Résignée, j'ai attrapé un chocolat chaud, mon (épais) bouquin et ma trousse à manucure en me demandant s'il y allait avoir moyen de trouver à manger parce qu'il était déjà 9H30 et qu'à 12H, j'ai faim. Et bien, 10 mn plus tard, j'avais fini. Même pas le temps de sympathiser avec l'autre nana enceinte de la foule, sur le thème de "c'est quoi la tendance de fringues pour sortir de la maternité?" (oui, ma question fashion du moment).

Donc voilà. Si je n'écris plus sur ce blog, c'est que des extra-terrestres auront pris le contrôle de mon esprit. Ou que le FBI m'aura exécutée pour avoir regardé en streaming le dernier Gossip Girl. Aaargh.

Monday, November 23, 2009

Rose aux joues


S'il y a un truc en maquillage pour lequel je suis désespérément fidèle, c'est le blush. Oh, ma trousse est remplie d'Orgasm et autre Riviera de Nars, de textures mousse, poudre, crème, en rose, ,brun rose, brun ambré, rose brun ambré, etc. mais, sauf représentation de théâtre ou maquillage grand soir, j'en reviens toujours à mes deux préférés:

- le Benetint de Benefit (dans le genre classique, hein, on fait pas mieux), parfait pour le we et les jours sans (maquillage, s'entend). Ca tient l'eau, la neige, le soleil, ça fait les lèvres et les joues roses genre naturel je viens de gambader dans les montagnes, ça sent bon, c'est ultra-facile à mettre, bref, c'est parfait. Avec un mascara, ce sera mon premier cadeau make-up à ma fille le jour où j'en aurai une (et qu'elle aura au moins quatorze ans, hein, on se peinturlure pas au primaire).

- Chez Bourjois, le Rose ou l'Ambre d'Or. Le Rose d'Or, c'est le premier blush que j'ai acheté et c'est un des rares produits make-up que j'ai rachetés. Et encore. Et encore. Ben oui, malgré plein d'infidélités, je suis toujours accro à la petite boîte ronde - et à son format compact si pratique. En plus, pour la fin d'année, ils ont sorti une collection avec des petits dessins rétro adorables qui s'appelle "Rendez-vous à Paris". Et du coup... je l'ai encore racheté. Et une fois de plus, je me dis qu'il n'y a rien de mieux.



Bon. J'envie les filles qui ont trouvé LEUR parfum, LEUR rouge à lèvres, LEUR marque de fringues ou de soins. Pendant longtemps, j'ai pensé que j'avais un vrai problème d'engagement. Surtout avec le parfum. C'est tellement classe, d'utiliser le même parfum depuis toujours, c'est tellement la quintessence du style de glisser "..., c'est mon parfum" avec cet inimitable inflexion mi-propriétaire mi-amoureuse qui parle d'une histoire au long cours. Mais finalement, avoir SON blush, c'est un bon début. Mon cas n'est peut-être pas désespéré. Un jour, moi aussi je dirai "cette fois, c'est le bon". C'est juste que nous ne nous sommes pas encore rencontrés.

Thursday, November 19, 2009

Fashion in Bergen - 1



La fashionista a ceci de commun avec l'explorateur spatial, le chimpanzé et l'amibe qu'elle doit s'adapter à son milieu pour survivre. C'est ainsi que nombre de tendances qui pourraient paraître complètement arbitraires s'expliquent en fait par la dure nécessité. Par exemple, la Parisienne travaille tard, a douze activités dans sa journée et enchaîne le déjeuner business, la réunion client, l'apéro copines, le dîner aux chandelles et l'after déchaîné = la Parisienne a inventé le look city casual chic, qui reste parfait de 8h à 2h du matin et qui rend tous les autres looks overdressed ou understated. La Brésilienne vit sur la plage, la Brésilienne a inventé la tong, le maillot brésilien et l'épilation qui va avec.

La Norvégienne, elle, et surtout la Bergenoise doit s'adapter à la météo (Bergen, la ville où il pleut le plus d'Europe, rappelons-le): neige, pluie, neige, pluie. Je savais donc que mon adaptation fashion à cette ville passerait par une petite mise à jour de ma garde-robe. " La véritable élégance, c'est d'avoir la tenue adaptée aux circonstances", parole de Coco Chanel. Et comme on annonce ces jours-ci une tempête assez sérieuse pour que même un Norvégien s'en émeuve, il était temps de faire enfin mon premier achat fashion norvégien: des bottes.

Mais attention, pas n'importe lesquelles! Disons le tout de suite: s'il y a un sujet que la norvégienne maîtrise, c'est la botte. Haute, basse, noire, couleur, sport, chic, c'est de toute façon la seule chaussure adaptée au climat. Elle se porte 10 mois par an, en jupe ou sur le pantalon (pas de polémique ici: si vous aimez porter les vôtres DESSOUS, et bien vous finirez avec un pantalon trempé, ce qui est toujours anti-fashion), en ciré ou en tenue de soirée. Et là où la Norvégienne est très très forte, c'est la botte en caoutchouc.

Parce que c'est pratique, la botte en caoutchouc, c'est parfaitement adapté, mais c'est rarement joli. Je sais que tous les créateurs se sont mis à en faire. Je ricane. Des bottes en imprimé burberry, c'est à peu près aussi crédible que des skis Chanel. Ca vous donne juste l'air back to the 80' et logo en folie.

Mais ici, depuis le premier jour, je LES avais repérées. ELLES. Des bottes Ilse Jacobsen. Vous ne connaissez pas? normal, les boutiques sont toutes en Scandinavie et en Allemagne (mais j'ai repéré des sites UK qui les vendent).

En caoutchouc, mais parfaites avec leur lacet blanc, leur forme qui arrive à vous faire la jambe fine (je sais pas comment, c'est un miracle), aussi jolies sur une tenue féminine qu'en après-ski. Ca doit tenir à leur côté rétro: elles vont avec tout (enfin, toute ma garde-robe). Aujourd'hui, je les ai essayées: chaudes et confortables à vouloir les garder au lit (je ne le ferai pas, c'est une image), légères, robustes. PAR-FAI-TES, quoi. Et c'est une fille qui ne quitte pas ses stilettos à Paris depuis dix ans qui le dit.

Evidemment, je suis repartie avec aux pieds. En version noir à lacets blancs (je prévois de commencer une collection, parce que les violettes, les rouges et les grises me plaisaient bien aussi, sans parler des turquoises qui iraient si bien avec mon Billy- sauf que le Billy en question déteste la pluie, donc c'est un peu idiot...)

Et vous savez quel est le vrai miracle? Avec ces bottes-là, on se fiche de la pluie! Limite, on voudrait qu'il pleuve vraiment trois mois d'affilée pour pouvoir les porter tous les jours! Et voilà. C'est le miracle de la mode;-)

Bref, je prévois une grande carrière fashion à ces bottes-là. En tout cas à mes pieds qui se sentent ce soir un peu plus norvégiens que ce matin.



Petite fiche pratique: la créatrice est danoise, la marque existe depuis quinze ans et les bottes sont faites à la main en caoutchouc naturel*. Pour plus d'infos, voici le site de la marque: Ilse Jacobsen. Et tip: si vous avez envie de les acheter sur le net, prévoyez une taille de moins que la taille française (genre 37 si vous faites du 38 comme moi).

* peut-être à base de pétrole naturel, hein, j'en sais rien....

PS: je parlerais bien de foot, mais vu le match d'hier, on va s'abstenir jusqu'en juin...

Tuesday, November 17, 2009

Footwear & football


Pour celles qui ne suivent pas (càd j'imagine celles qui n'ont pas un fan de foot à demeure, à l'exception de LA qui est aussi incollable sur les Bleus que sur les key visuals de masacara), la France a gagné contre les Irlandais samedi dernier. 1-0, cocorico. Evénement majeur, si j'ai bien compris, parce que ça veut dire que la France n'est pas encore éliminée de la Coupe du Monde de 20... 2010? 2011? Un truc comme ça. Si, si, si, on est contentes et voilà pourquoi:

1- parce qu'on a toutes un grand souvenir de 98' et de l'euphorie générale qui a suivi pendant trois jours. Et qui dure encore. Le secret de la popularité de Chirac aujourd'hui? 40% le non à Bush, 30% les Guignols, et 30% "on est les champions". Même Obama, il a pas encore fait ça. Et pourtant, on l'aime, Obama. Surtout quand il sourit genre "je sais pas qu'il y a une caméra et je suis trop craquant". Il avait à peine besoin d'un programme, celui-là. Bref, je m'égare.

2- parce que ça nous fait plein de soirées copines en perspective: samedi soir, justement, je dînais avec une de mes amies merveilleuses à Paris et autour de nous, que des tables de copines. Ca en fait des soirs, une Coupe du Monde, où il n'y a pas besoin de soigner l'égo de son cher et tendre pour lui expliquer qu'on préfère un mojito entre filles. Evidemment, ça veut aussi dire que faudra caler ses envies de pupuçage sur le calendrier des Bleus, mais bon, on peut pas avoir le beurre sur la tartine et les fesses de Kate Moss.

3- les quelques soirées où on regardera les matchs (à partir du 1/8, en gros, histoire de participer), on sera comme d'habitude assez heureuses de voir tous ces jeunes gens en short courir sur la pelouse. Je vous recommande le Yoann Gourcuff, il vous agrémente une mi-temps assez joliment.

Tout ça pour dire qu'en fille évoluée et paritaire, je respecte le football. Mais quand même. J'ai eu un choc il y a une semaine quand un ami a osé glisser entre le saint nectaire et la tarte aux fruits secs: "le football, c'est comme les chaussures".

Pardon?

Comme j'étais chez lui (et que j'avais de la tarte aux fruits secs plein la bouche), je n'ai pas commencé immédiatement à protester.

Et voici la démonstration qui sous-tend cette conclusion risquée: quand deux hommes se rencontrent, ils ont 90% de chances de pouvoir parler football ensemble. Quand deux minettes se rencontrent, elles vont parler chaussures avec la même probabilité. Donc le football = les souliers = un créateur de lien social. Ou le plus grand* dénominateur commun à toute la population classée par genre.

Bon. Pourquoi pas. Si ça leur fait plaisir d'imaginer qu'un sujet aussi technique, aussi pointu, aussi subtil, aussi complexe que les souliers soit comparable avec le football (je veux dire: un ballon pour 24? une tenue pour 12? please. On peut être minimaliste, mais à ce point là, c'est de la pauvreté d'esprit...), il ne faut pas leur enlever leurs illusions.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Parce que mes merveilleuses(x) amies(is) de Paris m'ont fait un trop beau cadeau d'anniversaire: un abonnement à Glamour, Elle et Vogue édition France qui vont arriver directement dans ma boîte aux lettres viking. Réflexion de l'amour de ma vie (qui avait vainement essayé d'introduire Courrier International dans la sélection): "A quoi ça sert? C'est comme d'être abonné à l'Equipe, à So foot et à [un autre journal sportif dont j'ai oublié le nom] en même temps."

Et même si ce n'est évidemment pas du tout comparable, je finis pas trouver ça plutôt émouvant, cette façon maladroite qu'ont les hommes d'essayer de comprendre notre passion pour les souliers (en particulier) et la mode. Parce que si on réfléchit bien, pour eux, comparer quoi que ce soit au football, c'est sûrement un compliment. C'est comme ça qu'on va vers la parité, tout doucement... On vient de "c'est un truc de bonne femme" et on arrive à "c'est ton truc de fille comme j'ai mon truc de mec".

On apprend à parler football, un peu, ils apprennent à parler fashion, un peu, et à la fin, vous verrez, on deviendra capables de communiquer vraiment!


* oui, le plus grand. Me suis fait reprendre par l'homme de ma vie qui a fait beaucoup plus de maths que moi, alors il a sûrement raison.

Illustration: Olivia à Paris pour le Championnat de course en escarpins, enfin une épreuve sportive faite pour moi!

Wednesday, November 11, 2009

Plus-size model, Renoir et autre interrogations.


Il paraît que Lizzie Miller est une vedette mondiale. Vous n'étiez pas au courant? Elle a posé dans Glamour US septembre. ET elle a du ventre (enfin, un peu, n'abusons pas). ET on ne l'a pas photoshopée. Du coup, c'est une icône pour toutes les femmes qui ne rentrent pas dans un 36: liberté chérie, à bas la dictature du machisme triomphant et remettez-moi un supplément cacahuètes sur mon sundae. C'est tellement important comme victoire pour les femmes que les Glamour de tous les pays (enfin, la France) s'unissent pour en parler.

Pendant ce temps, Renoir est exposé au Grand Palais à Paris: il faut y aller, c'est très très beau. Ses modèles ne font pas non plus du 36, et s'il les a photoshopées (enfin, interprétées dans sa vision artistique personnelle), c'est plutôt pour leur rajouter des cuisses par ci et des hanches par là. Lizzie Miller, elle fait anorexique à côté. Commentaires masculins entendus à la fin de l'exposition: "Vaut mieux être fidèle à sa femme que se retrouver avec un truc comme ça au lit". On aime entendre une réflexion aussi profonde sur l'art, je vous promets, c'est bouleversant.

Pendant ce temps, je découvre Belle toute nue, une émission M6 de haute tenue intellectuelle (on est sur M6, hein...) où une fille qui ne s'aime pas physiquement (elle se trouve grosse et elle ne sait pas s'habiller) passe une semaine avec un coach (un substitut de meilleur ami gay avec un énorme dressing et des potes coiffeurs) pour apprendre à se trouver jolie et sexy. Défi ultime et suspense dramatique de l'émission: l'héroïne du jour va -t-elle accepter de se faire photographier toute nue? Ceci dit, la fille a l'air plus heureuse à la fin de l'émission, donc on est contentes pour elle.

Alors, très chères lectrices (et lecteurs, s'il y en a), qu'est-ce qui fait sens dans ces faits, pas sans rapport comme votre perspicacité vous l'aura fait subodorer?


Est-ce que la question est vraiment de savoir si on doit faire ou non un 36, si on a le droit de se trouver belle en 52 et si Lizzie Miller est une star planétaire? Evidemment, il y aurait beaucoup beaucoup beaucoup à dire sur le diktat de la mode et sur l'aliénation de la femme de la vraie vie par la fille de magazine. D'ailleurs, plein d'autres gens en parlent.

Mais ce n'est pas le point, comme disent nos amis d'Outre-manche (btw, bisous à Diane et aux girls en we londonien, comme quoi ça sert à quelque chose de faire la guerre, soixante ans plus tard on peut aller shopper chez Harrods. Bref, je m'égare).

Non, le point important c'est que... hello? Pourquoi pour être une fille sexy (en 36, en 42 ou en 58) il faut se mettre à poil, devant des millions de gens tant qu'à faire? Pourquoi être une jolie femme = être toute nue en public? Ce n'est pas aliénant, ça? En gros, le message sous-jacent de tout ça, c'est tais-toi pour être belle. On se fiche de ce que tu penses, de ta personnalité, de tes qualités: si t'es prête à te défroquer, t'es baisable. Et finalement, ça doit être le but de notre vie, non?

Parce qu'il ne faut pas se faire d'illusions. montrez une photo de vous toute nue: 90% à 100% des mecs vous trouveront sexy. E nviron 0,001% des mecs se demanderont à quoi vous pensez. Parce qu'une fille toute nue, elle est excitante, mais personne ne se demande si elle est intelligente.

Tenez, prenez Olympia (Manet): vous savez pourquoi elle a fait scandale? Parce qu'elle n'est pas de la bonne couleur? Pas du tout. C'est juste qu'elle n'a pas l'air bovine et pantelante dans l'attente du mâle. La façon dont elle regarde le spectateur, ça parle de longueur, de performance et de "tu vas galérer pour être à la hauteur" (c'est le demi-sourire à gauche qui nous dit ça). Ah bah forcément, les mâles ils ont pas aimé : une femme toute nue qui voudrait penser? Scandale! Lizzie, et la baigneuse de Renoir, et la fille de M6 sur sa photo, si on essaye d'imaginer à quoi elles pensent, on risque d'avoir le vertige: trop de vide.

Au risque de me faire traiter de réac, j'estime qu'entre la burqa et le ticket de métro, il y a un juste milieu. Et que la burqa systématique (= la femme est un objet sexuel qu'il faut cacher) et le ticket de métro arboré en public (= la femme est un objet sexuel qu'il faut montrer) ont plus en commun que les talibans et les rédacteurs de Playboy ne veulent bien l'avouer.

Et c'est pour ça qu'on aime la mode: parce qu'aussi superficiel que cela puisse être (on en discutera une autre fois), c'est aussi une façon d'affirmer notre personnalité. Et qu'entre filles ont sait bien que la question importante, c'est pas: 36 ou 52, mais "sa veste blanche, elle me donnerait l'air aussi rétro-intello-chic qu'elle?" Avouons que c'est un peu plus profond comme réflexion, non?




crédit photo: Studio VS