Sunday, December 5, 2010

Doudoune: Principe de réalité vs credo fashion

Le style, contrairement à la mode et à la politique qui incitent à se renier tous les ans, se construit sur des engagements fermes et définitifs.
Par exemple, "jamais je ne mettrai une doudoune en ville. Encore moins un manteau doudoune."

Excellent principe auquel je continue d'adhérer, au moins intellectuellement.
La doudoune, c'est bien pour les enfants et les sports d'hiver; ça peut être toléré jusqu'à l'après-ski mais après, please, ne soyons pas masochistes. C'est une fille qui a pleuré pour avoir sa doudoune Chevignon en 94 et qui depuis voit les photos d'elle dedans dans les albums photos de ses parents qui vous le dit.

Attendez, je ne dis pas que c'est laid (même si ce n'est pas beau, mettons-nous d'accord une fois pour toutes), c'est juste que les doudounes, les cuites au vin chaud et la raclette, ça ne devrait arriver qu'au-dessus de 1500 mètres.

Le manteau doudoune, c'est encore pire: c'est long, ça coupe la jambe, si vous faites moins d'un mètre quatre-vingt douze vous ressemblez à une tente gonflable (c'est moi), et au-dessus d'un mètre quatre-vingt douze à un bonhomme michelin. En plus, c'est sensé être un manteau, c'est-à-dire un truc de ville, c'est-à-dire que vous n'avez même pas l'excuse de pouvoir dire "j'ai attrapé ma tenue de ski ce matin mon (vrai) manteau est au pressing" et que vous devez assumer le fait que vous avez acheté un truc très laid et qui vous rend très moche et que vous osez le porter alors que d'autres gens vous voient.
Le bonhomme Michelin est moche. Mais il est heureux.

Bon.
Voilà mon avis.
Maintenant, après quinze jours à -15°, j'ai acheté un manteau doudoune. Le principe de réalité a rencontré mon credo fashion, et ce dernier a résisté vaillamment, oh, allez, presque jusqu'à -8° avant de s'effriter lentement.
Oui, -15°. Quand l'Europe était sous la neige, ici il faisait trop froid pour qu'un atome d'eau ose se pointer pour geler. Sur les photos, on dirait le mois d'août. Tant qu'il n'y a pas de gens/bonhomme Michelin sur la photo.  -15°, c'est tellement froid que quand il s'est mis à neiger cette nuit, parce que la température était remontée à 0°, tout le monde a sorti son maillot de bain. Bref.

Oui, un manteau doudoune.
Dans lequel je suis merveilleusement bien (c'est moche, mais une fois dedans c'est comme se promener dans sa couette personnelle, ce qui à 7h du matin, pas réveillée, dans la nuit, par moins 15° a le mérite de réconcilier mon corps transi avec mon cerveau assoupi - mais NE COMMENCEZ PAS!).
Le coq a chanté trois fois, et je ne l'ai pas quitté. Mon manteau, pas le coq, qui n'est de toute façon qu'une référence évangélico-littéraire, parce que je ne connais pas volatiles de basse-cour. Je l'aime. Ma doudoune, toujours. Bon, c'est une relation honteuse, hein, genre Charlotte avec Harry Goldenblatt au début. J'ai honte, je continue à la critiquer, et je pense toujours que c'est un énorme faux pas stylistique. Mais voilà pourquoi il faut avoir des principes: il ne faut pas commencer. Jamais. Parce que maintenant, pour la quitter, il faudrait... il faudrait que je quitte ce pays, sans doute. Ou que j'achète une fourrure. Qu'il faudrait m'offrir parce que je n'ai pas les moyens.

Quoi, de la fourrure? où sont mes principes? Que voulez-vous, je suis une fille perdue. J'ai déjà une doudoune, et quand on a dépassé les bornes il n'y a plus de limites.
Et puis, si je dois brûler en Enfer, au moins il fera chaud.


PS: j'ai failli arguer du fait qu'ici une doudoune est une Bobble Jakke, donc que d'une certaine façon mes principes étaient saufs, mais ma mauvaise foi a renoncé devant l'idiotie toute clintonienne de cette illusoire distinction.

Tuesday, June 29, 2010

Fashion in Bergen - 3: quelques avantages de la vie en Norvège.

D'abord, désolée pour cette loooonnnnnggggguuuuueeeee absence, mais un bébé à la maison, ça prend du temps qui, étrangement, n'est pas compatible avec la tenue plus ou moins régulière d'un blog.

Bon, on reprend où on avait arrêté. Disons-le: être fashionista à Bergen, ce n'est pas tous les jours faciles. D'abord, c'est bien difficile de trouver des trucs sympas à acheter (il a douze H&M dans un rayon de 1km autour de chez moi, et pour l'instant, c'est la marque la plus pointue du coin, oui, je sais, pleurez avec moi). Ensuite, la Norvégienne passant en général du pull/treggings de la semaine au décolleté/string du we sans aucune transition, il n'y a pas trop de place pour la nuance et la subtilité et le plaisir de faire claquer une paire de stilettos sur les pavés en faisant l'envie du monde entier.

ceci dit, il y a quand même quelques avantages:

1- vous êtes la seule fashionista du coin. bon, d'accord, vous êtes douze, n'exagérons pas. Ce qui veut dire quoi? Et bien que vous pouvez vous pointer un mois après le lancement du 505 Chanel et ressortir avec Particulière sur les ongles, ou mettre quinze jours à dénicher la collection Rykiel pour H&M et avoir l'embarras du choix.

+ monter une boutique e-bay pour vos copines de Paris qui n'ont pas votre chance.
- vous êtes la seule à savoir combien votre couleur de vernis est cool. C'est pas votre homme qui va comprendre.

Bref, utilisez Skype pour montrer vos ongles (hein, Agathe?)et prêtez vos ELLE/Glamour/Vogue importés de France à vos copines norvégiennes.

2- la façon la plus rapide de perdre deux tailles de vêtements, c'est de sauter dans un avion pour la Norvège. Si, si, si. Ici, les filles sont immenses, ou les tailles ne sont pas les mêmes, bref, je flotte dans le 34 local. J'ai beau avoir récupéré de ma grossesse, je sais que l'étiquette me ment. Bref, pour celles qui rêvent de remplir leur placard de fringues à l'étiquette 36, c'est simple comme un billet d'avion. Plus besoin de régime ou de sport: il suffit d'aller sur Norwegian.com.

+ c'est bon pour le moral, quoi qu'on en dise. Quand je suis obligée d'acheter une fringue en taille 40 parce que la marque taille pour des japonaises, ça me plombe le moral. Quand ma balance est déréglée et m'annonce trois kilos de moins, j'ai beau savoir que c'est faux, ça me fait plaisir. Pouvoir collectionner des fringues en taille mannequin, c'est cool!
- le risque: rester à la même taille qu'en France à force de manger des polse (saucisses, ils ont un côté allemand ici) et s'apercevoir en retournant au pays qu'on ne rentre plus dans sa garde-robe. En plus, le décalage de taille s'applique aussi aux soutien-gorges, et passer en bonnet A, c'est plus ou moins appréciable...


3- la ruée des soldes, ça n'existe pas. Ici, c'est -50% tout de suite et pourtant, pas de meurtres dans les boutiques. Autant dire que vous pouvez attendre tranquillement quinze jours pour faire les soldes et vous trouverez votre taille. Bon, maintenant, il faudrait juste avoir envie d'acheter des trucs. Ce qui nous amène au ...

4- c'est économique, même si les vêtement sont hors de prix. A Paris, le problème c'est de résister à la tentation. Ici, c'est d'être tentée. Quand il faut six mois pour dénicher un top décent, a)- vous l'achetez tout de suite, et b)- vous avez plein de sous pour le faire.

+ vous en rêviez, non?
- en même temps, ne pas arriver à dépenser son budget fringues, c'est un peu comme devoir jeter une boîte de préservatifs parce qu'ils sont périmés. Ce n'est pas grave, mais ça montre qu'il manque un truc à votre vie.

Thursday, January 21, 2010

Fashion in Bergen - 2: La tête au chaud.



A Bergen, c'est pas parce qu'il fait beau qu'il fait chaud. En fait, c'est plutôt l'inverse: soleil = froid. Mais genre vrai froid. Ici, quand il fait 0°, tu as l'impression que tu peux sortir en t-shirt, c'est le printemps. C'est juste une impression, remarque.

Bon, là il fait -10°, donc quand même, on reconnaît qu'il fait un peu froid même si le soleil brille et qu'il ne fera pas nuit avant 16H.

Et un autre truc (que les bottes) où les Norvégiennes sont super fortes, c'est comment avoir chaud quand il fait froid. Il y a un art du bonnet, de l'écharpe et des gants que la Norvégienne maîtrise à la perfection. Et ça aide. Non, c'est vrai. Moi qui m'interrogeait sur le port de la minijupe en pleine période glaciaire, et ben en fait c'est facile: minijupe + collant+ chaussettes + bottes + gants + énormes écharpes + énorme bonnet = moins de peau exposée que jean sans écharpes, ni gant, ni bonnet.

Donc fashionitude + confort = l'élégance, la vraie, parole de Coco Chanel.
(Oui, c'est scientifique, c'est pour ça que j'ai rédigé ça comme une équation.)

En plus, le bonnet, c'est top: ça remplace le hairband, le brushing et tu n'as pas de pb de taille, même enceinte de 8 mois et demi.

D'ailleurs, j'en ai acheté deux hier. En forme de bérets en grosse laine, dont un gris et turquoise pour aller avec mon Billy (je vous mettrais une photo quand mon ventre arrêtera de se mettre en travers de ma fashionitude, en me faisant ressembler à une tente équipée d'un bonnet et d'un sac).

Vous pouvez donc penser que ce post est une forme de justification. Mais n'empêche que maintenant, je suis hype et j'ai chaud!


Photo: http://bobo-street.skyrock.com/, un cool blog avec plein de composites sympa.

Saturday, December 12, 2009

Dior: New Lock vs classic Lady Dior

Les maisons de couture ayant bien compris qu'elles font leur bénéfices sur les accessoires, elles nous sortent des it-bags toutes les saisons. Enfin, elles essayent. Convaincue, pas convaincue? Quels sont les nouveaux sacs à fantasmer et sont-ils vraiment mieux que leurs aînés? Premier match: Dior.

Le challenger: le New Lock




Le grand truc des designers, c'est l'ADN de marque. Genre, je réinterprète les "codes" d'une marque pour en faire un truc nouveau MAIS reconnaissable tout de suite, histoire de ne pas mettre 2000€ dans un sac à main sans qu'on sache que c'est Dior. Mais sans marquer Dior en énorme dessus, hein, parce qu'on laisse ça aux ongles des Japonaises et aux copies (et aux collections fin 90' début 00'). Les grands spécialistes du truc de l'ADN de marque, c'est Karl, qui a fait ça de façon magistrale pour Chanel, et Vuitton.

Pour moi le problème de ce New Lock (nom clin d'oeil au New Look inventé par Dior, toujours l'ADN de marque, vous avez compris le principe, et ça fait de l'édito facile pour les journalistes), c'est qu'il ne ressemble pas à grand chose.
Désolée, Dior, mais bon: cadenas façon Vuitton + format 2.55 + cannage Dior, c'est plus de l'ADN de marque, c'est un OGM.

What else? Ni vraiment mou, ni vraiment rigide, porté épaule mais tenu à la main façon pochette; pas assez grand pour mettre sa vie dedans, trop pour le garder à la main toute la soirée (ceci dit, c'est sans doute le format que je préfère, dans ce sac, j'en ai un peu assez des besaces oversize qu'on voit partout).

Le vrai plus du sac, c'est les films pubs, très très jolis et très très bien réalisés, je ne sais pas si c'est de l'art mais j'adore. Et la version python, mais je suis accro aux cuirs exotiques, donc...
Le gros moins (et l'obstacle à la véritable icônisation de l'objet) c'est son manque de parti pris fort. Trop marketing, pas assez créateur.

Pronostic: marchera plutôt bien, une saison. Le chef de produit aura sa promotion. Et dans trois ans on ne s'en souviendra plus.


Le tenant du titre: le Lady Dior




Pas si vieux pour un vrai sac icône (il a été créé en 1995), on adore son côté rétro, porté main, rigide, trop classe, tout ce qu'on ne fait plus en sac à main aujourd'hui et qui fait qu'il suffit de le porter pour donner une allure royale à un jean. C'est le sac, vous le prenez, vous sortez de chez vous, et vous regardez où est la Rolls qui doit venir vous chercher. Avant de vous rappeler que vous prenez le métro, en fait.
Bref, il vous raconte une histoire, et même si ce n'est pas une pièce totalement évidente (le fashion risque de bernadettisation n'est pas négligeable), il calmera aussi bien une tenue rock sexy qu'il stylera une tenue casual.

A prendre impérativement dans sa taille originale (la médium, donc). Mais le grand format est cool aussi sur les filles très grandes.

Match: pour moi, sans hésitation, le Lady contre le New Lock.
Et vous, qu'en pensez-vous?

Friday, December 11, 2009

Etre légère...



Une de ces journées où je me traîne et où j'ai l'impression d'être énorme. Pardon: où je réalise que je suis énorme. Une envie de légèreté, être aérienne, flotter... comme cette série de photos qui m'a fait rêver

Allez, c'est promis, demain je fais comme ça: je ne me lève pas en me traînant, je redescends doucement sur terre.

Oui, je veux aussi la nuisette en bleu. Et le nounours, puisque l'HDMV est au bout du monde.

Ce qui me fait penser à cette histoire absolument merveilleuse:
"Il était une fois un moine bouddhiste qui, à force de prières et de piété, avait compris comment léviter. Seulement, par humilité, toute sa vie il se contenta de flotter un centimètre au-dessus du sol pour que personne ne le remarque."

Thursday, December 10, 2009

Olympe de Gouges


Eloignons-nous quelques temps de la mode et des humeurs du jour pour parler d'une véritable icône. Non, je ne parle pas de Kate Moss ou d'Agyness, c'est un post intello-féministe.

Olympe de Gouges, 1748-1793 (ça ne nous rajeunit pas), est une héroïne de la Révolution Française, femme de lettres, femme politique, humaniste et féministe, à un moment où ce terme n'existait pas encore, c'est pour dire. Grande méconnue de nos manuels d'histoire, elle a pourtant été une des premières à s'élever contre l'esclavage. Elle écrivit notamment sur le sujet une pièce de théâtre si audacieuse que la troupe de la Comédie Française refusa de la jouer (les comédiens essayèrent même de faire emprisonner l'auteur, qui se mêlait d'écrire autre chose que des comédies sentimentales, l'affreuse).

Le texte le plus connu (enfin, méconnu, hein, puisqu'on n'en parle pas) est la Déclaration des droits de la Femme et de la Citoyenne, publiée en 1791. Tenez-vous bien: notre copine Olympe y disait que les femmes devaient avoir les mêmes droits et devoirs que les hommes. Elle demandait que les femmes puissent voter (oh la la. Droit de vote des femmes en France, on rappelle? 1945, merci pour celles qui suivent) et même être élues.

Art 10: La femme a le droit de monter sur l'échafaud; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune; pourvu que ses manifestations ne troublent pas l'ordre public établi par la Loi.

Bon. Olympe, évidemment, avait dit un truc qui fâchait, y compris ses potes révolutionnaires, qui voulaient bien tout révolutionner mais pas se mettre à faire les courses et le ménage. C'est le problème de toute révolution: il faut bien qu'il reste des gens à opprimer, sinon où est l'intérêt? Comme en plus Olympe se mêlait de dire que Robespierre et Marat n'y allaient pas avec le dos de la cuillère quand il s'agissait de guillotiner les gens, et bien évidemment, elle y est passée aussi, ayant l'honneur douteux d'être la deuxième femme guillotinée en France (après Marie-Antoinette).

Je vous laisse lire l'article sur Wikipedia si vous voulez tout savoir.

Voilà. Je suis heureuse d'avoir inauguré avec Olympe une série sur ces femmes qui font qu'on est fières de porter une jupe.

PS: en surfant un peu, j'ai appris qu'il y avait des initiatives en cours pour la panthéonisation d'Olympe.
Rappel: au Panthéon, si on excepte les "Justes de France", sur 73 "hommes illustres la Patrie reconnaissante", il y a une femme, une seule. Marie Curie. Pardon, il y a aussi Sophie Berthelot, dont on n'a pas voulu séparer la dépouille de celle de son mari (c'est gentil, c'est romantique, mais c'est pas vraiment l'idée de la parité. Même si Sophie au Panthéon, c'est un peu le soldat inconnu à l'Arc de Triomphe: on peut bien en avoir une qui représente toutes ces femmes à travers les âges qui ont veillé au confort de leur grand homme).

ce qui m'amène au slogan féministe du jour: "Travailleurs de tous les pays, qui lave vos chaussettes ?"

Tuesday, December 1, 2009

Coup de coeur: Suzon et Lena



Voilà, c'est toujours pareil: bloquée à 3000 bornes de Paris et c'est maintenant que je découvre LA collection que je voudrais avoir dans mon placard. Sérieusement. J'échange le contenu actuel de mon dressing contre la boutique*.

Et comment est-elle, cette collection? Rétro comme j'aime, douillette comme un chocolat chaud chez Ladurée, ultra-féminine avec une pointe d'impertinence pour finir de me mettre l'eau à la bouche.

Les petites robes, les cache-coeur, la jupe avec le noeud sur les fesses, je prends tout. (Bon, la jupe avec le noeud sur les fesses, je l'essaye d'abord quand même, histoire d'être sûr de pouvoir m'asseoir avec.) En plus, quand je vois toutes ces pièces en maille sublime, dans ce grand nord à gros pulls où je suis, je suis sûre que je tiens la tenue-qu'il-me-faut pour affronter l'hiver en toute beauté.

Bravo à la créatrice, on aime beaucoup!

Suzon et Lena - 11 rue de la Sourdière - 75001 Paris pour celles qui ont la chance d'être à côté. Laissez m'en un peu, je cherche le moyen de me téléporter... ou de faire distribuer la marque à Bergen d'ici les soldes!


* Je triche, évidemment: en ce moment, dans mon dressing, il n'y a que des tenues de fille enceinte, autant dire que mes vraies fringues sont à l'abri. Ceci dit, ca reste un vrai compliment.